Guide de la parfumerie #1 - Pyramide, tenue et concentration
Cet article sera dédié à trois conventions du monde de la parfumerie: La pyramide olfactive, la tenue et la concentration. Nous essayerons de lever le voile sur certaines interrogations récurrentes lors de vos balades en boutique ou sur divers sites internet.
Première convention: Les pyramides olfactives
Il est souvent question de note de tête, de note de coeur et de note de fond. Mais pourquoi décompose-t-on un parfum ? Comment sait-on qu’une note appartient à telle ou telle catégorie ?
Il faut savoir qu’un parfum évolue dans le temps. C’est pour cette raison que l’on vous conseille, en général, de le porter. Vous pourrez ainsi suivre son évolution et découvrir l’ensemble des facettes qui se révèlent progressivement au cour de la journée. Pour bien saisir ce phénomène il faut décomposer la formule d’un parfum.
Ce dernier est composé de plusieurs matières premières naturelles et synthétiques qui, une fois associées, créent une odeur unique, celle de votre fragrance. Sans entrer dans les détails de la chimie moléculaire, ce mélange de matière première est une association de molécules qui ont toutes une structure plus ou moins grande. La forme et la taille de leur squelette caractérisent l’odeur qui sera captée par nos récepteurs olfactifs. Ces molécules possèdent donc une masse traduite par la volatilité. Ainsi les molécules qui auront une structure plus légère auront une volatilité plus importante et permettront à celles-ci d’arriver plus rapidement à votre nez tandis que les molécules les plus lourdes structurellement parlant seront moins volatiles et resteront fixés plus longtemps au support.
Les parfumeurs ont donc catégorisé les matières premières suivant leur volatilité pour mieux maîtriser l’évolution de leur création lors de leur formulation. On peut prendre par exemple la famille des hespéridés (agrumes) qui sont pour la plupart catégorisées dans les notes de têtes, car très volatiles. À contrario les notes musquées sont elles plus complexes et par définition plus lourdes et donc moins volatiles. Nous préparerons un autre article sur la classification des familles olfactives, ne vous inquiétez pas !
R-Limonène :
Présent à l’état naturel dans beaucoup d’huile essentiel d’agrume (citron, orange etc). Odeur caractéristique fraiche et citronnée.
Galaxolide :
Musc synthétique avec une odeur boisée fruit rouge musquée propre.
La volatilité structure donc la pyramide olfactive mais ce serait bien sûr trop simple si les matières premières se restreignaient à des volatilités catégorisées.
Pour simplifier, nous prendrons l’exemple de la rose. En général, nous retrouvons la rose dans les notes de coeur du parfum. Mais la rose, en tant que matière première naturelle est elle même composée d’un ensemble de molécules différentes, à l’image d’un parfum. C’est pour cela qu’on peut souvent entendre dire qu’une rose est un parfum en soit. Elle a donc dans sa composition des molécules plus ou moins volatiles. Cette caractéristique permet ainsi d’avoir une note de rose qui arrive dès la tête du parfum mais qui peut se prolonger au cour de son évolution. C’est au parfumeur de faire ressortir les facettes de la rose qu’il veut travailler à un certain moment voulu lors de l’évolution de sa composition.
Géraniol :
Un des composants de la rose à l’odeur florale rosé/géranium, citronné.
Linalol :
Un des composants de la rose à l’odeur florale fraîche
Il va ainsi, à l’image d’une pyramide, travailler son parfum en prenant compte de la volatilité de chacune des ses matière premières pour qu’elles puissent s’exprimer tout au long de la vie du parfum.
Avec ce système de tête/coeur/fond, il est légitime de se dire que plus il y a de note de fond, plus le parfum va tenir dans le temps.
En découle notre seconde convention : la tenue
Il y a un facteur majeur pour que votre parfum tienne le plus longtemps sur votre peau, c’est l’utilisation de matières premières qui ont une volatilité plus faible. On parle souvent de notes boisées, ambrées, musquées. Elles participent donc à la durée de votre parfum. Certaines molécules sont mêmes utilisées uniquement pour leur structure. A l’image d’une cage, elles vont coincer les autres matières premières et les relâcher plus tard dans le temps. C’est ici un aspect plus technique du métier de parfumeur, qui connait ses amis lorsqu’il s’agit d’augmenter la tenue de son parfum.
La dernière convention, qui perd souvent beaucoup d’entre nous : la concentration
Dans le jus, autrement dit la composition parfumée de votre parfum, il y a du concentré odorant, de l’alcool, de l’eau, des colorants et autres fantaisies. Pour vous y retrouver dans le pourcentage de concentré qu’il y a dans votre jus, les parfumeurs ont mis au point une échelle de valeur que vous connaissez tous, sans jamais trop savoir à quoi cela peut correspondre. On la remet, un rappel ne fait jamais de mal !
- Les eaux de cologne entre 4 et 8% de concentré parfumé
- Les eaux de toilette entre 8 et 14% de concentré parfumé
- Les eaux de parfum entre 14 et 18% de concentré parfumé
- Les parfums entre 18 et 25% de concentré parfumé
- Les extraits 25% et plus
Nous espérons que vous y verrez dorénavant plus clair dans la classification des notes de vos parfums préférés.
