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Le parfum dans le rapport à l'autre

Parfum et marqueur social
Le parfum dans le rapport à l'autre
Une fois n’est pas coutume, j’introduirais cet article par une anecdote personnelle. L’autre matin, tandis que je me préparais dans la salle de bain, je me suis aspergé du prochain parfum de la gamme héritage. Il faut savoir que je me parfume très peu au quotidien afin d’éviter de polluer mon nez pour le reste de la journée.  Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés. Quoi qu’il en soit, au moment où je suis sorti de la salle de bain, ma petite amie, après m’avoir dit que je sentais bon, VIOLET oblige, m’a demandé si j’avais des rendez-vous ce jour-là et si je voyais du monde. Cette question me laissa les bras ballants. Pour elle, parfum rimait forcement avec interaction. Pourquoi le parfum est-il tant associé au rapport à autrui ?

Le parfum est un langage.
Comme pour notre tenue vestimentaire, le parfum en dit long sur notre personnalité, sur qui nous sommes ou ce que nous aspirons à être. Choisir un parfum c’est choisir une fringue, on engage une conversation muette avec celui qui voit, celui qui sent.

Le parfum, arme de séduction massive
Ce n’est pas anodin si dans l’inconscient collectif, la femme fatale et pulpeuse porte un parfum envoutant et captivant et l’homme viril des bois sent la transpiration animale et le feu de forêt. Ces deux clichés sur pattes seraient-ils autant fantasmés si l’une sentait la fleur fanée et l’autre le bouquetin ? Le parfum à une connotation sexuelle, c’est un fait. Pour Jean-Jacques Rousseau par exemple, le parfum stimule nos désirs les plus profonds. Les publicités de ces soixante dernières années se sont juste assurées qu’on ne l’oublie jamais.

Le parfum influence l’autre.
Attention, même si on parle ici d’influence minime, il ne faut surtout pas négliger le « pouvoir du parfum ». Dans de nombreux cas, le parfum a le pouvoir de faire pencher la balance en sa faveur ou en sa défaveur. Par exemple, un parfum familier et apprécié par l’interlocuteur rend tout de suite l’interaction plus aisée. L’article dans la revue internationale de psychologie sociale  intitulée "Le parfum. Quand l'odeur d'un candidat affecte le recruteur... ou pas : une question de déterminabilité" explique parfaitement le pouvoir des parfums sur son entourage (Lien en fin d’article).

Le parfum cache notre part animale aux autres.
L’homme moderne s’écarte un peu plus chaque jour de sa nature. Mais son odeur est là pour le rappeler à l’ordre. Car l’odeur corporelle humaine est une des plus fortes du règne animal. Qui l’eût  cru ? Nous sécrétons beaucoup plus de matériaux organiques volatiles que la plupart des espèces. Cacher ses odeurs est devenu un enjeu culturel et sociétal. C’est un moyen de se montrer civilisé comme le soulignait déjà à l’époque Théophraste, l’élève d’Aristote.

Le parfum est un marqueur social, une distinction. 
Le parfum est, dans une certaine mesure, un moyen de se reconnaître dans un groupe. Porter tel ou tel parfum vous catégorisera indéniablement. Il serait déconvenue de citer des marques donc je prendrai un exemple à la fois général et malheureusement désuet ; porter un parfum au patchouli dans les années 70-80 était signe d’appartenance au mouvement hippie. 

En définitive, pour toutes ses raisons, le parfum est un liant social indéniable. Il engage et suscite. Se parfumer ne sera jamais un acte anodin et qu’on le veuille ou non l’autre y lira forcement un message. On peut se parfumer pour soi comme on peut s’habiller d’abord pour soi, mais c’est toujours dans le regard de l’autre que son image se construit. C’est comme ça. Continuez de porter ce que vous appréciez et on ne vous appréciera que pour ce que vous êtes. C’est tout ce qui compte.
Enfin, pour répondre à la question de ma petite amie, il s’avère que ce jour-là, j’avais bien un rendez-vous.